Il y a beaucoup de raisons de se réjouir pour l’escrime à l’issue de cette semaine Olympique.

D’abord une organisation et une mise en scène impeccable. Le gymnase a semble-t-il toujours été rempli (cela change de certaines finales de Championnats du Monde disputées devant 100 personnes…). L’ambiance était survoltée, voire même hystérique lorsque les Chinois étaient en piste. Les éclairages parfaits -on voyait très bien les lames- et les prises de vue remarquables, tant pour le direct que pour le ralenti. Oui, pour une fois, on peut dire que le spectacle était au rendez-vous.

Mais justement, il y avait du spectacle parce que l’escrime pratiquée a été de très haut niveau. Je me suis amusé à visionner mes enregistrements des finales d’épée et fleuret hommes de Barcelone; par rapport à 1992, l’augmentation de la vitesse d’exécution -bras ou jambes- est tout simplement stupéfiante. N’oublions pas non plus l’élément tactique, dramatique, lors de certains matches, touche après touche, se terminant à la mort subite. Certes, nous souffrons -moi le premier- de ces périodes d’observation où l’on aimerait davantage d’action, mais quelle charge émotionnelle ! Non, véritablement, il y a de quoi convaincre le plus sceptique que l’escrime, loin d’être désuète, a pleinement sa place aux Jeux.

D’autant plus que la mondialisation de la pratique de notre sport paraît définitivement engagée. 13 Nations ont été médaillées contre 9 il y a 4 ans. La Chine a remporté son pari en étant présente à toutes les armes, et de quelle manière! En fait, 2 médailles, dont 1 d’or, est le service minimum car avec un peu de réussite (Zhu, Li Na …) elle pouvait doubler son capital. On a pas fini de les voir ! De leur côté, le Japon et la Corée ont également remporté chacun une fort belle médaille d’argent, puissent-ils faire des émules. Cela dit, la grosse surprise restera le tonitruant débarquement des Etats-Unis avec 6 médailles. Certes, ils ont eu une part de chance. Mais c’est justement la force des Américains : savoir la forcer par une attitude sans complexe. Attention, ces J.O. pourraient bien être le « facteur déclenchant » de l’intérêt de masse des Américains pour l’escrime. Cela changerait sérieusement la donne des années à venir, pour le plus grand bien de notre sport qui est trop longtemps resté européen.

Au fait, où en est-elle notre vieille Europe? Pas trop mal, merci. L’Italie est restée fidèle à son rang. Certaines de ses stars sont vieillissantes, mais ils ont aussi de beaux champions tel Tagliariol qui m’a fait forte impression. L’Allemagne aussi a bien abattu ses atouts-maîtres -qui sont jeunes- avec Kleibrink et Heidemann. Et les pays de l’Est sont toujours là, même avec des résultats en retrait -notamment pour la Russie- et ce n’est pas demain qu’il faudra considérer leurs tireurs comme des seconds couteaux.

Et la France alors? Et bien, disons-le, bravo ! Elle finit en tête du classement des médailles en ayant laissé à la maison deux épreuves où elle est championne du Monde, a sorti deux finales par équipes monstrueuses et a produit à chaque match une démonstration de « belle escrime ». Evidemment, on aurait aimé la victoire pour Fab ou Nicolas, un dernier podium pour Laura ou un premier pour Erwann, mais quelle Nation ne connait aucune déception aux Jeux? Vraiment, faire la fine bouche serait à la fois injuste et prétentieux.

Pour conclure, et contrairement à ce que j’ai pu entendre, je ne suis pas inquiet pour l’avenir de notre haut-niveau. D’abord parce que, si Adeline et Fab ont annoncé leur retraite, ce sont pour l’instant les seuls. Nos autres champions sont encore là au moins jusqu’à Paris 2010. Ensuite, parce que nous avons un réservoir, un potentiel certain, à pratiquement toutes les armes MAIS, je suis d’accord, cette nouvelle génération doit se mettre au travail. Je compte sur Laura, Erwann, Julien, Ulrich et les autres pour que nos jeunes mesurent le gouffre qui les sépare d’une finale Olympique. L’or n’est jamais acquis....

Mais en attendant, sachons savourer celui que nous ont ramené nos Champions.