Bilan et avenir olympique de l'escrime
J'ai rédigé deux notes assez longues sur ma vision de l'évolution de l'escrime au cours de ces vingt dernières années, et surtout sur mon avis concernant l'avenir olympique de notre sport. Pas très optimiste pour tout dire, je vous explique pourquoi sur mon blog, blogOZ.fr, le seul blog qui OZe...
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Auteur | Discussion |
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sOupporteur |
Publié: 23-08-2008 14:28
Mis à jour:24-08-2008 16:25
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Accro
Joint: 25-07-2008
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Commentaires: 259
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Re: Bilan et avenir olympique de l'escrime
Je suis un peu étonné qu’un article soit publié pour seulement inviter à lire un article sur un autre site. Curieux.
Je vais commencer par les aspects les plus critiques qu’on peut adresser à votre article. Je remarque que vous utilisez beaucoup le « je » dans votre article. En soit, ce n’est pas un problème dans un blog, puisque par nature un blog a un caractère très personnel. Le problème naît du moment où ce « je » remplace les arguments : quand vous prétendez que l’escrime a radicalement changé au cours des vingt dernières années, on espèrerait des arguments solides et détaillés. Résultat, rien ou pas grand-chose. Dans ce style de situation, quand la personne use et abuse du « je », faute d’une argumentation, on en vient à penser qu’il s’agit d’un argument d’autorité. Or, d’autorité, vous n’en avez pas sur le sujet de l’escrime à mes yeux : je ne vous connais pas et je ne connais pas ce que vous avez produit. Je crains que ce soit le cas d’autres lecteurs. Toujours par rapport à cette annonce de la « révolution » subit par l’escrime, les propos qui suivent sur le caractère bénéfique ou non de l’évolution sont contradictoires : vous parlez de révolution mais vous dénoncez « Des réformes purement cosmétiques » (sic). Je vous ferais l’injure de vous expliquer ces mots : « cosmétique », c’est un changement de surface peu important, « révolution », c’est un changement en profondeur. Vous citez deux autres réformes (qui ne touchent pas l’épée ! révolution partielle ?) : - la modification des « temps » que vous vous abstenez de l’expliquer, je souhaite bonne chance à ceux qui ne connaissent pas l’escrime pour en comprendre le détail et les enjeux. - L’interdiction de croiser les jambes au sabre que vous condamnez… en avouant ne pas en connaître les raisons. Je vous ferais remarquer que si vraiment vous prétendez juger de l’évolution de l’escrime sur 20 ans (interdiction de 1994), il est curieux que vous ayez loupé l’épisode précédent, c’est-à-dire le croisement de jambe au sabre et la série de flèche qui s’en suivait. Cela ne va pas vraiment rassurer sur votre « autorité » en matière d’escrime. Là où je serais plus positif sur votre article, c’est que vous débusquez une document intéressant : le rapport de la 117e session olympique. http://multimedia.olympic.org/pdf/fr_report_953.pdf Je conseille la méthodologie page 11 à 17 pour comprendre l’analyse de l’escrime p. 43 à 48. Ce document éclaire grandement rétrospectivement (car il fait le bilan d’Athènes et date donc de 2005) la politique de la FIE… qui est calquée non sur les demandes précises et explicites du CIO mais bien sur ces attentes. On pourrait même dire que la FIE est vraiment à la botte du CIO. D’ailleurs ne lit-on pas : Part du revenu total de la fédération issue des recettes olympiques : 55,6%. Vous avez parfaitement raison de vous offusquez de la phrase suivante : « l’application de critères différents dans le jugement des scores pour les trois armes est préoccupante et rend les résultats entre les différentes armes plus difficiles à comprendre. ». C’est d’une totale ineptie. Cependant, je nuancerais un peu car on peut comprendre ce qu’à voulu dire l’auteur en lisant avant : « L’arbitrage des combats d’épée est décrit comme étant à 90% objectif vu que la plupart des décisions se basent sur un appareil de signalisation… L’arbitrage des combats de fleuret et de sabre est décrit comme étant à 50% objectif, vu que c’est au juge de décider de la priorité d’une touche et non pas au système de signalisation. » Je pense que les arbitres de sabre et de fleuret seront heureux d’apprendre qu’arbitre rime avec arbitraire, puisqu’une décision sur deux selon le CIO seraient parfaitement subjectives (c’est-à-dire dépendant de l’humeur du moment) ! Je crois que là aussi on a une vraie perle d’ineptie de la part du CIO !!!!!!!!!! Pour montrer que le CIO ne comprend rien, mais vraiment rien à l’escrime, voilà les quelques mots de présentations de la discipline : « Deux concurrents se font face et le vainqueur est celui qui, à coup de feintes, de fentes, de parades et de ripostes, marque en premier le nombre de touches requis pour la victoire. » Voilà à quoi est réduit un sport de combat… Un jeu comme le monopoly. Par ailleurs, c’est faux : on ne marque pas des points grâce à des parades, ni à des feintes, ni à des fentes. On porte des touches par des attaques ; c’est cela qui fait marquer des points. Là où je retomberai en désaccord avec vous, c’est sur un détail, tout d’abord, et sur votre analyse de la situation de l’escrime vis-à-vis du CIO. Le détail : vous affirmez : « Il suffit aujourd’hui de remporter cinq assauts pour être champion olympique ». C’est outrageusement faux ! Il faut avoir d’abord été sélectionner pour les JO et pour cela avoir un certain nombre de victoires au compteur dans la saison précédente. Par contre, vous pourriez remarquer que ce ne sont pas (que) les meilleurs internationalement de la saison précédente qui sont sélectionnés. Et oui, compte tenu des quotas par pays ou par continent, on remarque par exemple en épée homme, que le suisse Marcel Fisher, 17e mondial, n’est pas présent, alors que le sud-africain Dario Torrente, 902e mondial, était bien au JO. http://results.beijing2008.cn/WRM/FRE ... FEM002000.shtml#FEM002505 C’est ce qui, malgré toute l’antipathie que je manifeste à l’encontre les JO, me permet de ne pas être totalement négatif. Oui, ce n’est pas la pure concurrence, la pure lutte des meilleurs contre les meilleurs selon les règles du marché, l’extension du domaine de la lutte. Il y a quelques petites « règles institutionnelles » qui évitent qu’on tombe dans la caricature de la plus abjecte des compétitions. On laisse une petite place aux misérables. Votre analyse de la situation de l’escrime vis-à-vis du CIO : Pour vous, l’escrime est dans le collimateur du CIO car pas assez médiatique. Je respecte votre opinion mais je n’en suis pas sûr. Les critères ne sont pas seulement médiatiques ; ils sont ainsi composés : Universalité, Popularité, Image et environnement, Protection des athlètes, Développement, Coûts. Je vous accorde qu’on peut douter de l’universalité. Mais il y a un progrès majeur. L’escrime était surtout européenne : ce n’est plus le cas avec l’arrivée des États-Unis et des pays asiatiques dans les palmarès : ce ne sont pas des fédérations fantoches (… comme certaines…). Certes, l’escrime n’est pas universelle ou mondiale, mais elle est bien multi continentale. Sur le caractère peu médiatique de l’escrime, je nuancerais. Faisons la liste des sports et comparons : par exemple l’escrime et le BMX sur un plan mondial. Qui est le plus médiatique ? A mon avis, vous mettez beaucoup trop l’accent sur l’aspect médiatique alors que selon les critères du CIO, ce n’est qu’un aspect parmi d’autres. Du moins, j’ose le croire !!! Peut-être ai-je tort et tout le système est déjà définitivement parasité par l’argent. Peut-être suis-je naïf : les rumeurs de dopage des sportifs de haut niveau et les rumeurs de corruption au sein du CIO seraient-elles aussi fondées l’une que l’autre ? Pour finir, je reviendrais à des reproches. Vous êtes journalistes et vous avez le défaut d’un journaliste. Je ai vous accusé d’être superficiel et de mal connaître le sujet : c’est le défaut le mieux partagé chez les journalistes. Je rajouterais aussi le nombrilisme : les journalistes naviguent dans la sphère médiatique et finissent par prendre l’image pour la réalité, et à ne plus percevoir ce qui est important. Je crois sincèrement qu’il existe quelque chose de 1000 fois plus importante que les JO et la présence de l’escrime en leur sein. Les JO, cela concerne un poignée de personne qui pratiquent l’escrime ; pas 99,99% des pratiquants. Les 99,99% y prêtent attention une fois tous les quatre ans dans les médias pendant une semaine : ce n’est rien à comparer d’une pratique quotidienne dans les salles d’armes. Ce qui importe, c’est l’escrime, pas les JO. Vous ne recueillez que l’écume de la vague, osez regarder l’océan. |
Zil |
Publié: 26-08-2008 02:08
Mis à jour:27-08-2008 19:20
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De passage
Joint: 28-02-2003
De:
Commentaires: 1
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Re: Bilan et avenir olympique de l'escrime
relisez moi mieux: vous verrez que je fais au contraire la distinction très nette entre ce qui est cosmétique et ce qui ne l'est pas, sans toutefois en faire la liste exhaustive. Pour ce qui est du sabre je dis et je répète que je n'ai pas de solution à proposer mais que je trouve celle retenue (pour des raisons valables) un peu ridicule mais c'est juste mon avis et mon blog est l'endroit où je donne mon avis sans avoir à vous demander si il est autorisé ou non. Et je persiste à dire par ailleurs, connaissant donc quand même un peu le sujet contrairement à ce que vous dites, que l'escrime est menacée comme vous en apportez la preuve vous même en citant le BMX qui a fait son apparition (preuve que le CIO veut introduire de nouvelles disciplines plus tendances, plus "branchées", mais au détriment de qui? voyez ce que le CIO pense de l'escrime en relisant le document). Je précise par ailleurs que le raisonnement qui consiste à penser que telle ou telle catégorie de gens ou de professions, ou de type, présente forcément par nature tel et tel type de défaut n'est pas des plus dignes.
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HIC |
Publié: 01-09-2008 05:20
Mis à jour:01-09-2008 19:16
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Accro
Joint: 10-11-2003
De: la belle Essonne
Commentaires: 264
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Re: Bilan et avenir olympique de l'escrime
Pour sortir du nombrilisme franco-français lorsqu'il s'agit d'escrime et d'olympisme, laissez-moi vous rapporter la manière dont ont été montrées et commentées les épreuves des JO Beying 2008 à la télé... colombienne.
Pour la circonstance, les 2 grandes chaines privées de télévision (Caracol et RCN) avaient fait cause commune avec la chaine publique Senal Colombia. Imaginez TF1 et M6 s'associant au groupe France Télévion. Résultat : plus de 8 heures d'images en direct chaque nuit de 22h à 6 heures du matin ! Un taux d'audience historique de l'ordre de 30%... 63 athlètes colombiens étaient engagés pour ces J.O. La Colombie a remporté 2 médailles (une d'argent en haltérophilie; une de bronze en lutte féminine). A chaque fois, quelle fête en direct et quelle fierté le lendemain (et les jours suivants) dans la presse (orgueil national non dénué de patriotisme, certes, mais tout de même...). Chaque soir, les plateaux de Senal Colombia étaient composés selon les épreuves : 2 journalistes sportifs (un journaliste et un "locutor") et un invité : président de ligue ou de fédération, ancien sportif reconnu voire ancien médaillé olympique (haltérophilie féminine par exemple). Ces plateaux spécialisés selon les épreuves ont assuré des analyses, reportages et commentaires vivants, clairs, didactiques, émouvants voire picaresques, permettant aux millions de colombiens noctambules de suivre les épreuves et d'en comprendre les principaux aspects techniques. Il n'y avait pas - hélas - d'escrimeur colombien sélectionnés pour ces JO. Si tel avait été le cas, nul doute qu'un Mauricio Rivas eût été convié sur le plateau de Senal Colombia. Chaque athlète colombien était suivi avec passion. En cyclisme, bien sûr, avec D Botero (bien décevant d'ailleurs), mais aussi au tir à l'arc, BMX, saut synchronisé, athlétisme. A chaque qualification pour le tour suivant, les commentaires allaient bon train même s'il semblait évident que les chances de médaille étaient improbables. Le lendemain, Caracol et RCN diffusaient des résumés dans leurs journaux respectifs, les droits à l'image étant partagés. La fièvre olympique ne retombait pas et les épreuves de la nuit étaient "chauffées à blanc" (et pas seulement le football même après la défaite du Brésil contre l'Argentine ou le baseball avec la défaite des USA face à Cuba). Avec ses moyens, modestes au regard d'autres pays, je pense que la Colombie a su faire vivre les J.O d'une façon intelligente et passionnée, en démontrant une fois de plus que l'important c'est de participer. En termes médiatiques, avoir su intéresser des millions de téléspectateurs aux subtilités techniques de sports autres que le foot et le vélo est un grand succès même si, encore une fois, la participation des athlètes colombiens en était le fil conducteur, et ce quelle que soit leur place dans le "ranking" mondial. Ceux là y sont allés avec le sentiment de montrer un autre visage d'un pays si décrié internationalement et même si le bilan sportif peut paraître minime, ils s'en sont montrés dignes aux yeux de tout un pays. C'est ausi cela l'olympisme. |