Frédéric Pietruszka lance sa campagne

Date 30-10-2003 18:43:26 | Sujet : Médias

C'est le titre paru dans les Dernières Nouvelles d'Alsace mercredi 29 octobre 2003, concernant la candidature de Frédéric Pietruszka à la présidence de la FFE. (Merci à Bibus de nous l'avoir fait parvenir)

Comme cela a déjà été dit précédemment, Escrime-info souhaite donner la parole à tous les candidats à cette élection (Frédéric Pietruszka étant le seul à s'être déclaré jusqu'à maintenant), et ne prendra pas position en faveur de l'un ou l'autre des candidats. D'une manière générale, nous diffusons tout message pouvant informer nos lecteurs !

Frédéric Pietruszka lance sa campagne

Après Daniel Baal, président pendant huit ans de la fédération française de cyclisme, la fédération française d'escrime pourrait bientôt propulser un Alsacien (d'adoption) à sa tête. Frédéric Pietruszka brigue la succession de Pierre Abric.


Rares sont les champions des grandes disciplines olympiques à avoir revêtu, une fois leur carrière terminée, l'habit de président de leur fédération. Les doigts d'une main et le pouce de l'autre suffisent pour les compter. Jack Guittet, champion du monde d'escrime au début des années soixante, Jean-Pierre Lacoux et Robert Busnel, internationaux de handball et de basket-ball, ainsi que, plus près de nous, Michel Bernard, l'ancien grand athlète rival de Jazy, et Philippe Durand, champion olympique d'équitation, ont été portés à la présidence de leurs fédérations. Quant à Francis Luyce, ex-recordman du monde, il est toujours président de la fédération française de natation. Ils pourraient bientôt être rejoints par un ancien champion du monde junior (1973), puis médaillé de bronze aux Mondiaux seniors (1974) d'escrime et champion olympique par équipes au fleuret à Moscou (1980). Frédéric Pietruszka, installé en Alsace - il habite Ittenheim - depuis 17 ans, devenu directeur de la Promotion d'Adidas-France, président de Strasbourg-Escrime, a décidé de se porter candidat à la succession de Pierre Abric. L'actuel président de la FFE, en poste depuis dix-huit ans, ne briguera plus le renouvellement de son mandat. La campagne est lancée.

«Ce n'est pas logique»

- Quel est le moteur de votre ambition, Frédéric Pietruszka ?
- Mon amour pour l'escrime. J'ai la certitude que tout ce que la vie professionnelle m'a apporté, je le dois en grande partie à elle. J'ai besoin de lui rendre un peu ce qu'elle m'a donné. Et puis, pourquoi le cacher, j'ai envie de me faire plaisir dans un milieu qui m'a apporté tant de joies.
- Vous êtes président de Strasbourg-Escrime. Qu'est-ce qui vous pousse à viser le pouvoir fédéral ?
- La présidence de la FFE, c'est le seul levier susceptible de modifier les choses. Je pars d'un constat. Quel est le gamin qui, un jour ne s'est pas pris pour Zorro ? Or, le nombre de nos licenciés stagne. Nous en comptons 46 000 aujourd'hui alors que nous en étions déjà à 40 000 il y a en trente ans. Ce n'est pas logique. Dans le même temps, le judo est passé à plus de 500 000. En homme de marketing, je me suis posé la question : pourquoi ? Ma réponse : parce que notre "produit" n'est pas adapté aux jeunes, aux enfants.

«Une approche plus ludique»

- C'est-à-dire ?
- La culture de notre sport est très ancienne, mais... en décalage avec la culture d'aujourd'hui. A l'heure des game-boy, l'approche de notre discipline est trop ingrate, trop technique. Il faut la rendre beaucoup plus ludique, mener les gamins à l'assaut très rapidement. Il faut qu'ils s'amusent, se livrent à des « un contre un », des « deux contre deux », des « quatre contre quatre » et pourquoi pas des « dix contre dix » dans des cours d'école, avec des armes en plastique...
- Vaste programme...
- Sans doute. Mais je me suis fixé un objectif : atteindre les 100 000 licenciés en huit ans. En rendant l'escrime plus attractive...
- Vous parlez comme un président élu...
- (il sourit)... Il n'y a aucune animosité entre le président Pierre Abric, qui a été mon "kiné" en équipe de France, et moi. Il ne se représentera pas au terme de son mandat. Mais je ne me lance pas seul dans l'aventure. A mes côtés figurent l'ex-champion olympique Philippe Boisse et Patrick Picot, l'actuel capitaine de l'équipe de France d'épée.

«Pas un opposant»

- Serez-vous l'homme d'une rupture avec les années passées ?
- Je ne suis ni un opposant, ni un homme de rupture. La preuve : quatre membres de l'actuel comité directeur, dont les Alsaciens Philippe Burcklé et Jean-Pierre Kessler, vice-président de la FFE, rejoindront mon équipe. Mais, c'est vrai, je ne suis pas prêt à simplement gérer les acquis. Si je suis élu, je ferais bouger les choses.
- Comment ?
- Avec mes amis, nous avons des idées, des tas d'idées. Et notamment un plan en trois volets.
- Lesquels ?
- Un : développement des clubs et de la formation des cadres. Il y a vingt ans, en matière d'enseignement de l'escrime, la France était LA référence mondiale. C'est fini, hélas.

«Mieux "vendre" l'escrime»

- Pourquoi cela, selon vous ?
- Parce qu'on a eu tendance à céder à la facilité. Nous avons toujours des entraîneurs nationaux de très haut niveau (Michel Sicard, Patrice Menon), mais, vu les coûts, on a lésiné sur la formation des maîtres d'armes. Il faut reposer de vrais critères de qualité.
- Revenons aux deuxième et troisième volets de votre plan ?
- Le deuxième: harmoniser le développement des différentes armes sur l'ensemble du territoire. Actuellement, il y a déséquilibre. Prenez le sabre : hormis quelques fiefs, tels Paris, Tarbes, Gisors et... Strasbourg, il n'y a guère de vrais foyers. C'est dommage.
- Le troisième ?
- "Marketer" l'escrime, la « vendre », si vous préférez. Pour l'heure, nous dépendons à 70% du ministère. Il faut impérativement développer les ressources propres ou privées. Et j'ai quelques idées... Il y en a une, très simple : si une douzaine de grands matches de gala, à l'instar de celui de Strasbourg, étaient organisés un peu partout en France, nous aurions douze superbes occasions de provoquer un nouvel élan, même s'il est difficilement mesurable. Servons-nous de nos forces. L'image de l'équipe de France est très bonne; elle n'est pas assez utilisée. Nous avons tellement d'hommes de grande valeur dans notre milieu, des pasionnés. Nous n'exploitons pas cette manne formidable.

«Où l'on ne s'entraide pas, on n'avance pas»

- Vous jetez là, quand même, un sacré caillou dans la mare...
- Non. Je suis le premier à reconnaître que beaucoup de choses ont été réalisées en vingt ans, avec peu de moyens. La gestion est saine et le haut-niveau performant. Simplement, j'ai le sentiment que la politique fédérale est trop axée sur le haut-niveau. Il faut davantage s'occuper de la vie de la base, mener des actions en direction de la masse. Mais tout cela est évidemment lié aux moyens. Et sans moyens, il n'est pas aisé de mettre en pratique des projets novateurs. Je le sais et ne veux surtout pas donner de leçon. Ce que je veux, c'est reposer le fonctionnement fédéral sur des valeurs partagées : la solidarité, la générosité, la confiance, le respect. Dans un milieu où germent des oppositions, où l'on ne s'entraide pas, on n'avance pas.


Propos recueillis par Michel Kapfer - Dernières Nouvelles d'Alsace






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