Lettre ouverte de Frédéric Pietruszka, candidat à l’élection fédérale de 2004.

Date 27-06-2003 13:54:37 | Sujet : Divers

Nous vous proposons une lettre ouverte de Frédéric Pietruzka annonçant sa candidature à l'élection à la présidence de la Fédération Française d'Escrime.

Image originalePrésentation
Enfant, Frédéric Pietruszka découvre l’escrime à Melun, au sein de son école primaire. Cette rencontre s’effectue par l’intermédiaire d’un maître d’armes on ne peut plus respectable, Maître Ernest Revenu. À l’âge de dix ans, le futur Champion olympique touche son premier fleuret. Rapidement, la passion se conjuguant au talent, il décroche à 16 ans sa sélection en équipe de France junior à l’occasion des Championnats du monde de South Bend en 1971. Deux ans plus tard, il remporte le titre à Buenos Aires, intégrant naturellement ensuite l’équipe senior.
Les résultats s’enchaînent sur les chapeaux de roues : médaille de bronze aux mondiaux de Grenoble en 1974 alors qu’il n’est encore que junior, Champion du monde par équipes en 1975, et Champion olympique par équipes aux Jeux de Moscou en 1980. À l’échelon national, Frédéric Pietruszka, avec ou sans moustaches, empoche trois titres de Champion de France en individuel.
Avant de mettre un terme à sa carrière à l’âge de 30 ans, il se classe 4e en individuel aux JO de 1984, mais remporte toutefois une nouvelle médaille, de bronze cette fois, dans l’épreuve par équipes. C’est à son retour des États-Unis que Michel Jazy, athlète plusieurs fois Champion du monde, notamment sur 3000 m et en relais 4 x 1500 m dans les années 1960, lui propose d’entrer à ses côtés au service promotion d’Adidas. Fréderic Pietruszka quitte alors le lycée de Melun où il enseignait le français depuis quatre ans. Au fil des années, il gravit les échelons pour devenir en 1998 directeur du Marketing sportif au siège français de l’équipementier.


Pourquoi êtes-vous candidat à la présidence de la FFE ? Et surtout, quel serait votre programme si vous étiez élu ?

Frédéric Pietruszka : À 50 ans bientôt, dont 25 consacrés à l’escrime, j’ai envie de revenir au plus près de ma passion pour ce sport. Je souhaite revivre d’une autre manière les moments forts que j’ai pu connaître en tant qu’athlète.
Avec Philippe Boisse et Patrick Picot, nous avons la volonté de construire quelque chose ensemble. Nous pouvons le faire avec nos personnalités très différentes, car nous partageons une même passion. Ce que nous voulons, c’est défendre un projet. L’escrime tricolore enregistre de très bons résultats, la Fédération est bien considérée dans le paysage sportif français, mais, aujourd’hui, notre discipline manque de « développement ». Par exemple, l’un de nos objectifs est d’augmenter le nombre de licenciés pour atteindre, pourquoi pas, la barre des 100 000 d’ici huit à dix ans.
Nous devons réétudier les pratiques. L’escrime a beaucoup évolué, la compétition n’est pas la seule voie que les clubs désirent exploiter. D’autres publics s’intéressent à l’escrime sans pour autant s’orienter vers la compétition. Il faut donc réfléchir aux pratiques et à leurs publics.
L’escrime bénéficie d’une bonne image auprès du grand public, ce qui est important. Il faut profiter de cet atout pour intéresser davantage de monde, du baby escrime au loisir adulte.
Pour ce faire, nous devons solidifier ce qui contribue à faire perdurer un sport : les clubs. Il est nécessaire d’étudier au plus près leur implantation géographique, et surtout de travailler à l’équilibre entre les différentes disciplines. Nous nous devons de préserver et d’harmoniser l’essor des trois armes.

On ne peut créer de nouvelles salles d’armes sans augmenter le nombre d’enseignants. Il faut donc, dans le cadre d’une planification globale, créer un véritable marché de l’emploi des maîtres d’armes, et se pencher très rapidement sur une question essentielle : comment peut-on vivre, aujourd’hui, du métier de maître d’armes ? Trop peu d’enseignants y parviennent actuellement. Bien entendu, peu de clubs peuvent prendre intégralement en charge un salaire à temps complet. Il faut donc consolider les infrastructures territoriales afin que, là où les structures municipales existent, des scolaires puissent participer à l’activité escrime et ainsi compléter les sources de revenu du maître d’armes.

Il faut également réfléchir à ce qui a été la clef de voûte de l’escrime française : la formation de ses cadres. Il y a quelques années, on pouvait se prévaloir d’être des modèles en termes de formation. Je pense que cela n’est plus tout à fait le cas aujourd’hui. La formation des maîtres d’armes doit à présent intégrer les nouvelles pratiques, dont le loisir.

Autre cheval de bataille primordial : « marketer » l’escrime. Ma expérience professionnelle m’a appris que, pour se développer, un sport doit être en mesure de se vendre. Nous disposons d’atouts pour faire parler de nous : un sport spectaculaire, des équipes de France performantes, des compétitions de très haut niveau sur le territoire, une vie régionale et locale très dynamique. Pourtant, nous rencontrons d’énormes difficultés pour nous vendre auprès des annonceurs et des médias. Il faut impérativement structurer « notre offre », afin d’intéresser des partenaires économiques. Lorsque des partenaires économiques arrivent, les médias ne sont pas très loin.

En ce qui concerne le fonctionnement interne de la Fédération, il est important de se demander comment faire cohabiter des personnes qui partagent une même passion mais pas tout à fait les mêmes intérêts : les élus bénévoles, les cadres techniques et les salariés. Je crois qu’il est essentiel de bien fixer les prérogatives des uns et des autres et de faire en sorte que ceux qui sont extérieurs au monde de l’escrime (médias, partenaires, grand public) puissent s’y retrouver, c’est-à-dire savoir à qui s’adresser au sein de la Fédération.
Il faut se structurer davantage, et, surtout, que chacune des compétences des personnes issues du milieu de l’escrime soit utilisée à bon escient. Plutôt que d’agir individuellement, il faut regrouper ces compétences différentes sous des objectifs communs et une vision globale.
Si on souhaite que des gens passionnés progressent dans une même direction, il faut partager des valeurs simples, comme la générosité, savoir donner sans compter, être solidaires et éviter de se diviser.
Deux autres valeurs nous semblent essentielles : le respect et la confiance, indispensables pour construire quelque chose ensemble.

Juste un exemple en ce qui concerne le haut niveau : il faut procurer davantage de sérénité à nos champions en programmant avec eux l’après-carrière sportive grâce à des formations.

Il faut également savoir observer ce qui se pratique dans d’autres disciplines ; les aspects positifs comme négatifs d’ailleurs. En termes de développement justement, comment ne pas se référer au judo et à ses 600 000 licenciés, ou encore au badminton, qui est passé de 8 000 à 90 000 licenciés en 20 ans ?


Si vous êtes élu, comment allez-vous conjuguer votre emploi du temps professionnel et celui de Président de Fédération ?
Et n’y aurait-il pas incompatibilité entre cette fonction et votre responsabilité chez Adidas, partenaire économique de la Fédération Française d’Escrime ?


Frédéric Pietruszka : La gestion du temps est en effet une question très importante. J’ai négocié avec ma direction la possibilité de bénéficier, dès après les Jeux olympiques d’Athènes, de trois après-midi par semaine pendant lesquels je pourrai me consacrer exclusivement à la Fédération. Ma fonction chez Adidas sera davantage une fonction de conseil en interne, notamment à destination des jeunes qui intègrent l’entreprise, mais aussi de conseiller auprès de la Direction générale. Je serai moins sollicité par des travaux de management et disposerai donc d’un peu plus de liberté.
Concernant le fait que j’occuperais des fonctions au sein d’une Fédération soutenue par la société qui m’emploie, la solution est d’établir un moratoire qui permettrait d’éviter tout conflit d’intérêt entre les deux organismes.


[Précision importante du webmaster : Escrime-info souhaite donner la parole à tous les candidats à cette élection (Frédéric Pietruszka étant le seul à s'être déclaré jusqu'à maintenant), et ne prendra pas position en faveur de l'un ou l'autre des candidats. D'une manière générale, nous diffusons tout message pouvant informer nos lecteurs !]



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