Entretien avec Serge Aubailly, à quelques jours des élections fédérales

Date 14-02-2005 10:50:04 | Sujet : Info France

Serge Aubailly, pouvez-vous, à votre tour, nous parler de votre programme en vue des élections fédérales de mars prochain ?

Ma vision des choses est très claire ! Mon engagement, tout d’abord, s’inscrit dans la suite logique de mon parcours au service de l’escrime. Je suis, certes, un escrimeur, mais surtout un dirigeant bénévole depuis l’âge de 19 ans. L’organisation de ma vie professionnelle le permettant, j’ai envie de mettre mes expériences et ma détermination au service d’une discipline sportive qui véhicule des valeurs exceptionnelles.
Mon programme prend prioritairement en considération les attentes du terrain, que je connais pour en être issu et que je n’ai jamais perdues de vue au cours de mes mandats, fort de mes racines régionales et des soutiens que j’y ai conservés.
L’urgence est, bien évidemment, de construire autour de l’élan formidable que nous a donné Athènes. Mais, cette priorité ne nous ramène-t-elle pas aux questions de fond qui se posent, à savoir les équipements et l’encadrement?
Je souhaite vivement mettre la Fédération au service des ligues, comités départementaux et clubs de métropole et d’outre-mer pour, à travers des projets identifiés, avancer dans cet esprit de solidarité qui m’anime au quotidien.
À l’heure de la décentralisation, nous devons aider nos structures à trouver des financements par une assistance directe.
Notre prochaine rentrée sera déterminante et, dans ce contexte, la promotion de l’encadrement constitue un enjeu majeur de développement. Nous devons engager au plus vite une réforme profonde de la formation pour l’adapter au monde qui nous entoure. Il faut décentraliser la formation et renforcer le rôle de tuteur du maître, tout en maintenant des regroupements nationaux. L’école française doit ainsi, en se rapprochant de ses bases, assurer un haut niveau de compétence.
Le statut du maître d’armes et son plan de carrière sont des éléments qu’il nous faut dynamiser par deux leviers : la négociation entre les syndicats de maîtres et une association des employeurs en escrime à créer, et la maîtrise de l’entrée de l’escrime dans une convention collective.
Nous devons miser sur les jeunes, qui attendent beaucoup de nous. Nous avons des devoirs à leur égard. Nous devons revoir l’animation compétitive pour leur offrir de véritables chances de progresser et de participer plus régulièrement à des rencontres de leur niveau. L’organisation compétitive, qui concerne désormais plus de 60 000 licenciés, doit être aménagée au profit d’une pratique de masse et de proximité.
Encore un mot pour vous dire que la complicité, la confiance, l’amitié et les valeurs que je partage avec le maître Albin Sirven, qui sera mon DTN, représentent pour moi un atout essentiel !

Décentraliser la formation, c’est-à-dire ?

On constate aujourd’hui une baisse de fréquentation des élèves en formation permanente à Châtenay-Malabry, et ce, en partie parce qu’il peut être difficile de quitter sa région d’origine. La durée d’enseignement a donc progressivement diminué, ce qui n’est assurément pas une bonne chose. Alors que la décentralisation est de plus en plus ancrée dans la société, je pense qu’il faut tout d’abord créer des regroupements régionaux réguliers. Durant ces journées, les cadres techniques délivreront un enseignement et s’assureront de l’évolution des connaissances et de la technique des élèves. D’autre part, comme je l’ai mentionné dans l’exposé de mon programme, je pense que le métier s’apprend sur le terrain, c’est-à-dire dans les clubs ; ceci, à condition d’être réellement encadré par un maître d’armes que je qualifie de tuteur. Pour ce faire, il faut « officialiser » la présence de la personne en formation. Aujourd’hui, nous disposons d’un nouvel outil, le contrat de professionnalisation, qui fait suite à celui de qualification. Des financements sont accessibles à condition d’assurer l’intégration professionnelle du « jeune ». Il faut donc parallèlement travailler à l’élaboration de conventions collectives et classer nos maîtres sur une grille valorisante. Nous devons favoriser les négociations entre la FNMA et une future coalition des employeurs.

Aménager l’organisation compétitive pour plus de 60 000 licenciés, qu’est-ce que cela signifie ?

L’organisation et l’animation de l’escrime française a été conçue à une époque où nous ne disposions que de 35 000 licenciés. Or, aujourd’hui, nous dépassons les 60 000 ! Si le système qui avait été mis en place fut très bénéfique, il est évident qu’il doit être à présent réexaminé. Il faut certainement revoir l’organisation de certaines zones. On remarque en effet que plusieurs catégories ont terminé leur saison dès le mois de janvier ! Il faut aussi impérativement revoir la conception des compétitions, qui sont un peu trop élitistes. Un enfant qui ne figure pas forcément parmi les meilleurs, et dont les parents parcourent parfois plusieurs centaines de kilomètres pour l’accompagner, peut être frustré par un nombre d’assauts trop restreint.
Le risque est de décourager rapidement l’enfant et ses parents, alors que l’on sait que chez certains les résultats n’arrivent que tardivement.
En ce qui concerne les compétitions loisir, on pourrait songer, pourquoi pas, à créer des compétitions par équipes sur le plan européen, avec comme leitmotiv la notion d’échange culturel et d’amitié entre les peuples.

Que souhaitez-vous apporter comme changements à l’organisation fédérale ?

Je pense qu’il n’y a pas de réorganisation fondamentale à effectuer en termes de fonctionnement. Toutefois, il faut absolument recadrer une chose essentielle : la Fédération est au service des ligues, des clubs et des escrimeurs et non l’inverse ! Cela signifie que nous devons être très réactifs par rapport aux demandes qui nous sont adressées. Et pour ce faire, il est nécessaire qu’élus et salariés travaillent dans la même direction.

Si Paris obtient l’organisation des Jeux olympiques de 2012, que faudra-t-il mettre en place sur le plan de l’escrime afin de profiter de cette formidable opportunité ?

Les Jeux à Paris en 2012 offriraient un élan fantastique au sport français. L’escrime, en tant que sport olympique, bénéficie d’une très bonne image. Il faudra savoir en profiter. Nous devrons absolument partager notre expérience et prendre en compte celle des autres disciplines sportives, c’est primordial. Concernant les équipements, locaux et structures au sens large, il serait également très bénéfique de se rapprocher d’autres fédérations.



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